Rodrig Mbock

Rodrig Mbock: Bendskinners (2015)

The term “benskin” from the English words “to bend (one’s) skin” means to bend the body. It also designates a traditional dance from West Cameroon. A dance once at the pinnacle of pop music by a famed band named Kouchouam Mbada that made it the basis of its repertoire over the last two decades. Indeed this dance involves stooping while performing a legwork and moving from left to right according to the rhythm.

The expression as we know it today appeared in the early 1990s in support of the political opposition’s operation Dead Cities that consisted in shutting down the country’s economy. This tense sociopolitical situation compelled motorists, taxi drivers (yellow cabs) to withdraw from the roads for fear of reprisals.

In those days, in major cities, especially Douala (centre of this social scuffle), the most convenient means of transport became the motorbike; small black (A50) motorcycles that require of the riders and their clients to assume a bent position once on the bike. And so was born a new socio-aesthetic posture.

Now well anchored within Cameroon’s reality, the benskin (moto taxi) as it is known, provides a source of income to young and long-term unemployed people. The increased economical crisis in the late 1990s drew more people to resort to this means of transport to make a living. It is worth specifying that initially, and according to the legislation drafted by the administrative authorities, this economic activity was meant to only serve cut off zones that are hardly accessible to four-wheeled vehicles (semi-urban zones). However faced with a growing demand in urban zones, and sustained by the moto taxi-riders’ boldness, the phenomenon spread out to forbidden zones, resulting in a conflict between the most intrepid of them and both the local government and the police.

In keeping with his aesthetic research, generally fed with strong social themes, Rodrig Mbock attempts to explore the fantastic and fanciful universe of these unlikely “heros” who defy bad weather and face up to risks of all sorts to feed their families. Between satire and celebration, Mbock uses his lens to tell lived stories while bringing in the magic of photography retouch, an out-of-the-ordinary touch tainted with melancholy. The result of this immersion in “troubled waters” is an impetuous series of digital photographs accompanied with an installation hinting at an insightful gaze attuned to technical innovation.

Landry Mbassi

Biography:

Rodrig Mbock was born in 1978. He lives and works in Yaounde. A self-taught photographer, he focuses on documentary and uses his practice as a means of communication that enables him to bear witness of his time.
He is one of founders of the photographers collective Kamera and has collaborated with international organisations such as UNESCO, UNICEF and World Press Photo.

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Rodrig Mbock: Bendskinners (2015)

Le terme « benskin » – inspiré du verbe anglais to bend skin signifie littéralement, courber le corps. Il désigne parrallèlement une danse traditionnelle de l’Ouest Cameroun. Une danse jadis portée au pinacle des musiques de variétés par un groupe de renom nommé Kouchouam Mbada qui en a fait la base de son répertoire tout au long des deux dernières décennies. Cette danse est en effet pratiquée en se voûtant et en effectuant un jeu de jambes au sol, tout en se déplaçant de temps en temps vers la gauche ou la droite, au gré du rythme.

L’expression telle qu’on la connaît de nos jours apparaît au tout début des années 90, à la faveur du mouvement de grève qui fait suite à l’opération « villes mortes » appelée par l’opposition et visant à paralyser l’économie du pays. La situation sociopolitique tendue oblige en effet les automobilistes, chauffeurs de taxis (véhicules jaunes), à se retirer de la circulation par peur de représailles. À cette époque, dans les villes majeures du pays, mais surtout à Douala (cœur de la rixe sociale), le moyen de locomotion le plus adéquat est la moto. Il s’agit de très petites motos (A 50), noires, qui obligent les motocyclistes et leurs clients à adopter cette position presque courbée une fois sur la moto. Une nouvelle attitude esthético-sociale voit ainsi le jour.

Désormais une réalité contextuelle bien ancrée dans les mœurs camerounaises, le benskin (moto taxi) comme on l’appelle communément, constitue aujourd’hui une solution de subsistance pour nombreux chômeurs, jeunes et moins jeunes. Face à la recrudescence de la crise économique vers fin 90, nombreux sont ceux qui se sont en effet trouvés obligés de s’engager dans ce moyen de transport pour gagner leur vie. Il est utile de préciser qu’initialement, et selon la législation voulue par les autorités administratives, cette activité économique est censée desservir uniquement des zones enclavées auxquelles les automobiles à quatre roues n’ont que très difficilement accès (zone semi urbaine). Mais face à la demande de plus en plus haute en zone urbaine, et appuyée par l’impertinence des moto-taximen eux-mêmes, le phénomène se retrouve étendu à des zones interdites, au coeur des villes. D’où le constant conflit qui oppose ces motocyclistes intrépides aux agents des municipalités et aux forces de l’ordre.

Fidèle à ses recherches esthétiques usuelles, qui en général se nourrissent de thèmes sociaux forts, Rodrig Mbock entend explorer ici l’univers somme toute fantas(ti)que et improbable de ces « héros » qui au quotidien bravent intempéries et risques de toutes sortes pour nourrir leur famille. Entre satire et célébration, le photographe prend le parti de raconter différentes histoires vécues au travers de son objectif tout en y apportant, par la magie de la retouche photo, une touche à la fois insolite et teintée de mélancolie. Le résultat de cette immersion en eaux troubles est une impétueuse série de photographies numériques qu’accompagne une installation, où se perçoit en filigrane, l’expression d’un regard profond et toujours au fait des innovations techniques.

Landry Mbassi

Biographie:

Rodrig Mbock est né en 1978. Il vit et travaille à Yaoundé. Photographe autodidacte, sa pratique est axée sur le documentaire et est pour lui un moyen de communication lui permettant de témoigner de son époque.

Il est l’un des fondateurs du collectif Kamera et a collaboré avec des organismes internationaux dont l’UNESCO, l’UNICEF et World Press Photo.

 

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